Podcast

đŸŽ™ïž MĂ©decine đŸ©ș et plongĂ©e đŸ€ż l’accident de dĂ©saturation (ADD) : quand les bulles coincent
 signes, rĂ©flexes, prĂ©vention

đŸŽ™ïž MĂ©decine đŸ©ș et plongĂ©e đŸ€ż l’accident de dĂ©saturation (ADD) : quand les bulles coincent
 signes, rĂ©flexes, prĂ©vention

Emission enregistrée le 23 octobre 2025.

AprĂšs avoir explorĂ© les barotraumatismes, ces contraintes mĂ©caniques liĂ©es Ă  la pression, nous plongeons aujourd’hui dans un sujet plus complexe et souvent redoutĂ© : l’accident de dĂ©saturation (ADD).

Dans ce troisiĂšme Ă©pisode de la sĂ©rie MĂ©decine et plongĂ©e, Lucie reçoit le Dr Mathieu Coulange, chef du service de mĂ©decine hyperbare, subaquatique et maritime Ă  l’Assistance publique – HĂŽpitaux de Marseille (APHM). Ensemble, ils plongent au cƓur de la physiologie humaine pour comprendre ce qui se joue rĂ©ellement sous pression.

Qu’est-ce qu’un accident de dĂ©saturation ?

On utilise souvent les termes “accident de dĂ©compression” et “accident de dĂ©saturation” de maniĂšre interchangeable, mais il existe une nuance. L’accident de dĂ©compression est un terme gĂ©nĂ©rique qui englobe Ă  la fois les barotraumatismes et les accidents de dĂ©saturation.

Le voyage de l’azote dans notre corps

âžĄïž Lorsque nous plongeons, nous respirons de l’air composĂ© d’oxygĂšne et d’azote. L’oxygĂšne est consommĂ© par nos tissus comme un carburant.

âžĄïž L’azote, gaz neutre, s’accumule dans les tissus, sous l’effet de la pression.

âžĄïž Plus on descend et plus on reste longtemps, plus l’azote passe des poumons vers le sang, puis vers les tissus : c’est la saturation.

Le problĂšme survient Ă  la remontĂ©e : si la pression chute trop vite ou si les paliers ne sont pas respectĂ©s, l’azote forme des micro-bulles. Si ces bulles gonflent trop rapidement, elles peuvent se stocker dans les tissus ou boucher des vaisseaux sanguins.

Les diffĂ©rentes formes d’ADD : du “bĂ©nin” au sĂ©rieux

Le Dr Coulange souligne qu’il n’y a pas vraiment de “petit” accident. Tout signe suspect aprĂšs une plongĂ©e doit ĂȘtre pris au sĂ©rieux. Les bulles peuvent toucher diffĂ©rents tissus :

  • mĂ©dullaire (moelle Ă©piniĂšre) : l’azote a une affinitĂ© pour les tissus graisseux autour de la moelle, ce qui peut entraĂźner des paralysies.
  • cĂ©rĂ©bral : similaire Ă  un AVC, il peut causer une paralysie d’une moitiĂ© du corps.
  • vestibulaire : les bulles dans l’oreille interne provoquent de violents vertiges et des vomissements.
  • cutanĂ© : appelĂ© “puces” ou “moutons”, il se manifeste par des dĂ©mangeaisons ou des Ă©ruptions. Attention, on sait aujourd’hui que les signes cutanĂ©s peuvent ĂȘtre le reflet d’un incident cĂ©rĂ©bral sous-jacent.
  • osseux (le “Benz”) : des douleurs vives au niveau des Ă©paules, des hanches ou des genoux.

C’est ici que les barotraumatismes deviennent potentiellement graves : si un plongeur bloque sa respiration en remontant, l’air contenu dans les alvĂ©oles se dilate et peut les faire Ă©clater.
Le gaz passe alors dans la circulation sanguine, risquant de provoquer une embolie gazeuse, urgence vitale traitée en caisson hyperbare.

Les bons réflexes : oxygéner, hydrater, alerter

L’ADD ne survient pas toujours immĂ©diatement. Si les atteintes neurologiques apparaissent souvent dans les 30 minutes Ă  2 heures aprĂšs la sortie, les douleurs osseuses peuvent mettre 6 Ă  12 heures Ă  se manifester

La rĂšgle d’or : tout signe inhabituel dans les 24 heures suivant une plongĂ©e saturante (plus de 20 mĂštres ou avec paliers) doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un ADD jusqu’à preuve du contraire.

Pourquoi l’oxygùne pur est-il vital ?

Donner de l’oxygĂšne au masque immĂ©diatement est l’action la plus efficace sur le terrain. Cela permet :

  1. D’apporter de l’oxygĂšne aux zones oĂč le sang ne circule plus Ă  cause d’une bulle.
  2. D’aider la bulle d’azote Ă  se rĂ©sorber plus vite.

A noter : l’usage de l’aspirine a Ă©tĂ© totalement abandonnĂ© en secourisme de plongĂ©e en raison des risques d’erreurs de dosage et de confusion avec des AVC hĂ©morragiques.

Prévention : comment limiter les risques ?

La bonne nouvelle est que l’ADD est rare (1 accident pour 6 000 Ă  10 000 plongĂ©es) et que la prĂ©vention est trĂšs efficace.

🔮 Hydratation : boire un demi-litre d’eau aprĂšs la plongĂ©e est l’une des meilleures prĂ©ventions.

🟣 Palier de sĂ©curitĂ© : mĂȘme s’il n’est pas obligatoire, s’arrĂȘter 3 minutes entre 6 et 3 mĂštres aide l’organisme Ă  Ă©liminer le surplus d’azote et sĂ©curise les derniers mĂštres face au risque barotraumatique.

🟡 Repos post-plongĂ©e : Ă©viter les efforts intenses (glotte fermĂ©e) dans les deux heures suivant la remontĂ©e pour Ă©viter de “forcer” le passage de bulles vers le cƓur gauche via un Ă©ventuel Foramen Ovale PermĂ©able (FOP).

🟠 HygiĂšne de vie : une bonne condition physique et une progressivitĂ© dans l’intensitĂ© des plongĂ©es (surtout pour les plongeurs occasionnels) sont vos meilleurs alliĂ©s.

En conclusion, si l’accident de dĂ©saturation reste la “bĂȘte noire” du plongeur, il ne doit pas ĂȘtre une fatalitĂ© ou une source d’angoisse paralysante. Comme nous l’a expliquĂ© le Dr Mathieu Coulange, la majoritĂ© des incidents se rĂ©sorbent sans sĂ©quelles grĂące Ă  une prise en charge rapide et des gestes de secours simples mais essentiels.

Pour plonger sereinement, gardez en tĂȘte ces piliers de la sĂ©curitĂ© :

  • Ecoutez votre corps : tout symptĂŽme inhabituel (fatigue extrĂȘme, douleur articulaire, vertige) survenant dans les 24 heures suivant l’immersion doit ĂȘtre pris au sĂ©rieux.
  • Agissez vite : en cas de doute, le trio “oxygĂšne, hydratation, alerte” reste votre meilleure protection.
  • Soignez votre remontĂ©e : le respect des paliers — mĂȘme de sĂ©curitĂ© — et une remontĂ©e lente sont vos meilleurs alliĂ©s contre la formation de micro-bulles.
  • La vie aprĂšs la plongĂ©e : buvez de l’eau (beaucoup !), Ă©vitez les efforts physiques intenses juste aprĂšs ĂȘtre sorti de l’eau et laissez Ă  votre corps le temps d’éliminer l’azote accumulĂ©.

La plongée est une activité fantastique qui demande simplement un peu de bon sens, de la progressivité et une bonne compréhension des phénomÚnes physiologiques en jeu.

🔈 AUTRES ÉPISODES

[Médecine et plongée] Lois physiques et bases de physiologie en plongée

[Médecine et plongée] Les barotraumatismes en plongée

đŸ‘€ RETROUVEZ MATHIEU COULANGE

Le site de l’APHM, service mĂ©decine hyperbare

Le site de Phymarex

🎙 SOUTENEZ LE PODCAST GRATUITEMENT

1. Abonnez-vous 🔔

2. Laissez des Ă©toiles sur votre plateforme d’écoute ⭐

3. Ecrivez un petit commentaire sur votre plateforme favorite ✍

Écoutez cet Ă©pisode sur votre plateforme de podcast prĂ©fĂ©rĂ©e !

Share

Recent Posts

  • Podcast

đŸŽ™ïž MĂ©decine đŸ©ș et plongĂ©e đŸ€ż les barotraumatismes en plongĂ©e

Comprenez les effets de la pression sur le corps humain et les risques de barotraumatisme


4 semaines ago
  • Podcast

đŸŽ™ïž Tamara Adame (Cenote Girl) : plongĂ©e sidemount et recycleur dans les cĂ©notes du YucatĂĄn đŸ€ż

Plongée technique au Yucatån : astuces et technique avec Tamara Adame, Cenote Girl. Sidemount, recycleur,


1 mois ago
  • Podcast

đŸŽ™ïž DĂ©tendeur de plongĂ©e : sorties haute et moyenne pression, manomĂštre ou sonde Ă©lectronique ? đŸ€ż

Episode technique sur le détendeur de plongée : manomÚtre ou sonde. Comprenez les sorties haute


2 mois ago
  • Podcast

đŸŽ™ïž MĂ©decine đŸ©ș et plongĂ©e đŸ€ż lois physiques et bases de physiologie en plongĂ©e

Plongée et médecine se rencontrent. Découvrez avec le Dr Mathieu Coulange comment l'immersion influence notre


2 mois ago
  • Podcast

đŸŽ™ïž CƓlacanthe : du rĂȘve Ă  la rencontre — l’aventure d’Alexis Chappuis (avec GaĂ«l ClĂ©ment, MusĂ©um national d’Histoire naturelle) đŸ€ż

Le cƓlacanthe fascine ! Partez Ă  sa rencontre avec Alexis Chappuis (UNSEEN) et GaĂ«l ClĂ©ment


2 mois ago
  • Podcast

đŸŽ™ïž DĂ©tendeur de plongĂ©e : DIN / Ă©trier et flexibles đŸ€ż

Découvrez les différences entre les détendeurs DIN et étrier, et comprenez l'importance des flexibles sur


2 mois ago

This website uses cookies.