Emission enregistrée le 17 novembre 2024.
Plonger au milieu des dauphins sauvages fait rêver de nombreux passionnés du monde sous-marin. Qui n’a jamais imaginé nager aux côtés de ces créatures intelligentes, curieuses et fascinantes ? Pourtant, ces rencontres, aussi merveilleuses soient-elles, soulèvent d’importantes questions. Comment s’assurer que notre présence sous l’eau n’impacte pas négativement ces animaux ? Comment distinguer une véritable interaction naturelle d’un comportement conditionné par des pratiques touristiques mal encadrées ? Dans cet épisode de notre podcast, nous avons reçu Pamela Carzon, docteure en éthologie, qui a mené une thèse sur les interactions entre plongeurs et grands dauphins à Rangiroa, en Polynésie française. Son travail apporte des éclairages essentiels pour adopter une approche plus responsable, éthique et durable lors de la rencontre avec les mammifères marins.
Installée en Polynésie française depuis plus de 15 ans, Pamela Carzon a débuté son engagement auprès des mammifères marins au sein d’une association dédiée. Son intérêt pour les baleines, les dauphins et l’ensemble de la faune marine locale l’a conduite, pas à pas, à réaliser une thèse de doctorat à l’École Pratique des Hautes Études. Accompagnée par des chercheurs expérimentés, dont Fabienne Delfour et Eric Clua, elle a pu valoriser des années d’observation et de suivi scientifique des grands dauphins de Rangiroa. Son parcours illustre que la passion, la curiosité et la persévérance peuvent ouvrir la voie à une recherche scientifique rigoureuse au service de la protection des écosystèmes.
Les grands dauphins (Tursiops truncatus) présents à Rangiroa forment une communauté d’environ 25 individus. Au fil des années, ces animaux ont développé une certaine habitude de la présence humaine. En effet, Rangiroa est un spot de plongée très renommé. Les plongeurs, moniteurs et touristes affluent, attirés par la biodiversité exceptionnelle de la zone. Parmi les découvertes de Pamela, on apprend que les individus les plus jeunes sont souvent plus audacieux, explorant plus volontiers les nouvelles situations. Cette audace peut se manifester par une tolérance élevée, voire une recherche active du contact avec les plongeurs. D’autres, plus timides ou méfiants, gardent leurs distances, même après des années de cohabitation avec l’activité humaine.
Contrairement à l’image idéalisée du “gentil dauphin”, la réalité est plus nuancée, comme nous l’avait expliqué Fabienne Delfour lors de son passage sur notre podcast. Certaines interactions familières, répétées et encouragées par les plongeurs – parfois même par les moniteurs eux-mêmes – peuvent aboutir à des comportements risqués. Les dauphins, habitués à recevoir de l’attention et parfois même des caresses, peuvent devenir trop insistants, tirer sur les palmes, s’interposer entre le plongeur et son détendeur, voire manifester une forme d’agressivité. Cette situation n’est ni saine pour le plongeur ni pour l’animal. Les dauphins peuvent en effet perdre leur prudence naturelle envers les humains et les bateaux, s’exposant à des collisions, des blessures liées aux hélices des moteurs, ou développer des comportements déviants qui menacent leur santé et leur survie à long terme.
L’étude de Pamela s’inscrit dans une tendance mondiale : le développement massif du tourisme animalier. Qu’il s’agisse d’orques en Norvège, de dauphins en mer Rouge (ou à Rangiroa) ou de baleines ailleurs, l’observation des mammifères marins a explosé depuis les années 1990. Cependant, cette expansion s’accompagne souvent d’un manque de régulation, de sensibilisation et de formation. Les images sur les réseaux sociaux, la pression économique et le désir de sensations fortes contribuent à une consommation effrénée de la faune sauvage, parfois sans réelle prise en compte de l’éthique et du bien-être animal.
Heureusement, des solutions existent. Pamela Carzon plaide pour une observation plus passive, dans une posture d’invité dans le milieu naturel. Mieux informer les plongeurs, former les moniteurs à adopter des comportements plus respectueux et limiter l’interaction physique directe constituent des mesures-clés. Eduquer les professionnels du tourisme, mais aussi les voyageurs, est essentiel. Il faut encourager la mise en place de réglementations claires, adaptées au contexte local. Par exemple, à Rangiroa, on pourrait délimiter des zones de repos pour les dauphins, interdire le contact physique, limiter le nombre de bateaux présents simultanément, et faire appliquer les règles déjà existantes (mais pas appliquées).
Au-delà des mesures réglementaires, l’éducation joue un rôle central. L’association Dauphins de Rangiroa, fondée et animée par Pamela, développe des programmes d’écovolontariat. Ces missions offrent aux participants l’opportunité de s’immerger dans la recherche scientifique, de collecter des données, d’apprendre à identifier les individus et à comprendre leur comportement. Ce type d’initiative permet aux volontaires de revenir de leur séjour avec une vision plus nuancée et éclairée des interactions humains-animaux, devenant ainsi des ambassadeurs d’une pratique plus éthique du tourisme sous-marin.
Observer un dauphin en pleine interaction sociale, voir un banc de barracudas former un ballet sous-marin, écouter le chant des baleines en plongée… Ces expériences sont inestimables et participent à forger une conscience environnementale plus forte. Toutefois, il est crucial de ne pas confondre plaisir personnel et bien-être animal. En s’informant, en choisissant des prestataires responsables, en respectant les réglementations et en adoptant une attitude d’humilité, les plongeurs peuvent continuer à profiter de l’incroyable biodiversité marine de Rangiroa, sans nuire à ses habitants.
L’entretien avec Pamela Carzon nous rappelle à quel point notre présence sous l’eau peut influencer les écosystèmes marins. Plus qu’un simple loisir, la plongée s’inscrit dans un système complexe où chaque geste compte. En comprenant les risques liés aux interactions dauphins-plongeurs, en s’engageant dans une démarche respectueuse et en soutenant la recherche scientifique et l’éducation, nous pouvons préserver la magie de ces rencontres. Le défi : concilier émerveillement et responsabilité, afin que les générations futures puissent, elles aussi, s’émerveiller devant la grâce d’un dauphin sauvage dans les eaux de Rangiroa.
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