Nouvelles études : résistance des coraux au réchauffement climatique.

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Deux récentes études ouvrent des voies pour la préservation des coraux :

  • la première montre que les larves de coraux produites par des individus vivant dans des milieux exposés au réchauffement climatique développent naturellement une plus grande résistance à la chaleur.
  • la seconde, réalisée par l’IFREMER, montre que les coraux ayant fusionné en chimères résiste davantage aux changements environnementaux (que les non-chimères).

Petit rappel : le corail est un animal qui vit en symbiose avec une algue (appelée zooxanthelle) et qui construit un squelette de calcaire. Ce sont les zooxanthelles qui donne leurs couleurs aux coraux et ce sont elles qui sont fortement affectées par le réchauffement climatique. Quand l’eau devient trop chaude, les zooxanthelles peuvent être détruites ou expulsées du corail. C’est ce qui provoque le phénomène de blanchiment des coraux.
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La génétique et la symbiose expliqueraient la plus grande tolérance de certains coraux au réchauffement climatique

L’article complet est disponible ici : the role of gene expression and symbiosis in reef-building coral acquired heat tolerance.
Attention, c’est une vraie étude scientifique, donc tout n’est pas forcément compréhensible. Et puis c’est en anglais.

Pour (essayer de) faire simple : des larves de coraux émises par des polypes vivant dans des eaux plus chaudes expriment des gènes qui vont leur permettre d’être plus résistants à la chaleur de leur environnement. La résistance est encore améliorée quand les zooxanthelles sont – elles aussi – issues de « souches » plus tolérantes à la chaleur.

Pour prédire comment les coraux, constructeurs de récifs, répondront au réchauffement accéléré des océans causé par le changement climatique, il faut savoir comment l’acclimatation et la symbiose modulent la tolérance à la chaleur dans les premiers stades de l’histoire de vie des coraux. Nous avons analysé les réponses transcriptionnelles à la chaleur chez les larves et les juvéniles de onze croisements de colonies d’Acropora tenuis le long de la Grande Barrière de Corail. Les larves produites à partir du récif le plus chaud présentaient la plus grande tolérance à la chaleur, bien que les réponses de l’expression des gènes à la chaleur aient été largement conservées par l’identité du croisement. […]
Les résultats de l’étude révèlent la contribution relative de l’histoire environnementale parentale et de l’établissement de la symbiose dans les réponses moléculaires des coraux à la chaleur au cours des premiers stades de l’histoire de la vie.

Strader, M.E., Quigley, K.M. The role of gene expression and symbiosis in reef-building coral acquired heat tolerance. Nat Commun 13, 4513 (2022)

La robustesse aux changements environnementaux chez les coraux chimériques

La publication de l’étude de l’IFREMER est disponible ici : frontloading of stress response genes enhances robustness to environmental change in chimeric corals.
Là encore, c’est une étude scientifique et bien qu’elle soit le fruit d’un organisme français, la publication est en anglais.

Les chimères sont des entités qui résultent de la fusion de deux espèces. C’est un phénomène largement répandu dans la nature et documenté. Chez les coraux, le chimérisme commence dès les premiers stades ontogéniques (de la larve au jeune naissain) et résulte de la fusion entre deux ou plusieurs congénères proches. Par rapport aux colonies génétiquement homogènes (non chimères), la littérature a répertorié les avantages écologiques et évolutifs de l’état chimérique, ce qui positionne le chimérisme corallien comme un instrument de sauvetage évolutif.
Les résultats de l’étude montrent que les chimères sont des entités robustes sur le plan environnemental, dotées d’une capacité accrue à faire face au stress environnemental. Les résultats documentent en outre l’utilité potentielle des chimères comme nouvel outil de restauration des récifs pour améliorer l’adaptabilité des coraux aux changements environnementaux, et confirment que le chimérisme corallien peut être un instrument de sauvetage évolutif.

Vidal-Dupiol, J., Harscouet, E., Shefy, D. et al. Frontloading of stress response genes enhances robustness to environmental change in chimeric corals. BMC Biol 20, 167 (2022)

Les résultats de ces études, s’ils se confirment et s’appliquent également à d’autres espèces de coraux, sont une vraie touche d’espoir. On imagine déjà la « transplantation » de coraux résistants dans des zones en danger, en raison du réchauffement climatique.
Les récifs coralliens sont essentiels à la vie sur Terre. La disparition progressive des coraux en raison du réchauffement climatique et de la pollution est un vrai drame. Tout ce qui pourra être fait pour conserver les récifs coralliens devra être entrepris.